MESSIAEN OLIVIER – 7 Haïkaï

Création : 30 octobre 1963, concert du Domaine Musical dédié à la mémoire de Roger Désormière, Théâtre de l’Odéon, Paris, par Yvonne Loriod (piano), ensemble du Domaine Musical, direction : Pierre Boulez
Dédicace : À Yvonne Loriod, à Pierre Boulez, à Madame Fumi Yamaguchi, au chef d’orchestre Seiji Ozawa, aux compositeurs Yoritsuné Matsudaïra, Sadao Bekku, et Mitsuaki Hayama, à l’ornithologue Hoshino, aux paysages, aux musiques, et à tous les oiseaux du Japon. Effectif détaillé : Soliste : 1 piano2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 2 bassons, 1 trompette, 1 trombone, 1 marimba, 1 xylophone, 1 jeu de cencerros, 1 jeu de crotales, 1 triangle, 18 cloches, 2 cymbales turques , 2 gongs, 1 cymbale chinoise, 2 tam-tams, 8 violons.

Titres des parties

  1. Introduction
  2. Le Parc de Nara et les lanternes de pierre
  3. Yamanaka-Cadenza
  4. Gagaku
  5. Miyajima et le torii dans la mer
  6. Les oiseaux de Karuizawa
  7. Coda

Genèse de l’œuvre

Cette œuvre a été écrite en 1962 à la suite d’un voyage au Japon. Elle ne comporte pas de poème : le titre Haïkaï indique seulement que les sept pièces sont courtes, comme les poèmes japonais du même nom.

Analyse des sept pièces

I. Introduction
Par les cencerros, cloches, trompette, trombone et percussions métalliques : rythmes de l’Inde dédiés aux trois Shakti. Le piano et les bois font un canon rythmique rétrograde. Xylophone et marimba font une métabole, du tâla simhavikrama (force du lion) au tâla miçra-varna (mélange de couleurs). Aux violons une phrase mélodique, dont on entend seulement la première strophe (la deuxième strophe étant réservée pour la septième pièce).

II. Le Parc de Nara et les lanternes de Pierre.
Le Japon. Région de Nara. Quatre temples Bouddhiques. Un Parc. Des cerfs et des biches s’y promènent librement.

III. Yamanaka-Cadenza
Les oiseaux qui chantent dans cette pièce ont été entendus en forêt, près du lac Yamanaka, au pied du mont Fuji.

IV. Gagaku
Le Gagaku (Gagakou) est la musique noble du VIIe siècle, au Japon. Elle se pratique encore à la cour impériale.

V. Miyajima et le torii dans la mer
Peut-être le plus beau paysage du Japon. Une île, une montagne couverte de pins japonais vert foncé et d’érables (rouges en automne). Un temple Shintô, blanc et rouge. Dans la mer bleue, ouvrant sur l’invisible (c’est-à-dire sur le vrai temple), un grand portique rouge ou TORII.

VI. Les oiseaux de Karuizawa
Les oiseaux qui chantent dans cette pièce ont été entendus autour de Karuizawa, dans un paysage de montagnes et pins japonais. Quelques-uns furent notés en forêt, près d’une gorge et d’un petit torrent, non loin du volcan Asama.
a) Uguisu (Ougouhisse), Bouscarle du Japon. Uguisu est confié à la trompette et à l’ensemble des bois.
b) Hototoguisu (Hototogouhisse), petit coucou à tête grise. Confié aux trombone, bassons et clarinette basse.
c) Kibitaki, gobe-mouches Narcisse. Kibitaki est joué par les quatre clarinettes et aussi par xylophone et marimba.
d) Oruri (O-louli), gobe-mouches bleu du Japon.
e) Aoji (Aôdji), bruant masqué du Japon.
f) San kô chô (Sane-koo-tchio), gobe-mouches de Paradis du Japon. San kô chô est joué par xylophone et marimba.
g) Kuro tsugumi (Koûleu-tsougoumi), merle japonaise. Chant varié, différent du merle noir européen.
h) Mejiro (Médjile) zosterops du Japon. La première cadenza du piano utilise : Binzui (Binetzoui) : Pipit de Hodgson. La deuxième cadenza : O-yoshikiri (O-iochikiri : Rousserolle turdoïde orientale.

VII. Coda
Par les cencerros, cloches, trompette, trombone et percussions métalliques : suite des rythmes de l’Inde dédiés aux trois Shakti. Le piano et les bois reprennent le canon rythmique rétrograde de la première pièce, en appliquant les harmonies des durées droites aux durées rétrogrades et vice-versa. Xylophone et marimba font une métabole rétrograde, du tâla miçra-varna (mélange des couleurs) au tâla simhavikrama (force de lion). Aux violons : suite de la phrase mélodique de la première pièce, dont on entend la deuxième strophe.

Olivier Messiaen.