Création : 2 mai 1976, Royaume-Uni, Londres, Round House, par Sylvio Gualda
Commande : Fondation Gulbenkian
Dédicataire : Sylvio Gualda
Éditeur : Salabert
Effectif : 1 percussionniste
Durée : 12’
Psappha est une pièce pour percussion solo, au large effectif instrumental (cinq groupes). Mais ce n’est pas à la couleur sonore que s’intéresse Xenakis, qui ne spécifie d’ailleurs pas précisément les instruments, mais donne seulement des indications de matière et de registre. Ce n’est pas non plus à proprement parler, sur le travail purement rythmique que se fonde sa composition. Ici, pas de valeurs complexes chères aux sériels ou de subtiles superpositions de rythmes. Le discours s’organise sur une pulsion régulière, même si elle varie au cours de la pièce, toutes les parties s’y référant nettement.
Ce à quoi le compositeur s’attache, en revanche, c’est à un travail de variation de densité des différents groupes, sur le plan tant vertical qu’horizontal, exigeant de l’exécutant une grande virtuosité, le charme de la musique semblant paradoxalement émaner d’un ascétisme sonore et rythmique, qui lui confère un aspect quasi incantatoire.
Les bois et les peaux ouvrent la pièce. Une première section se développe à partir d’un dialogue entre le groupe médium, d’abord dominant, et le groupe aigu au rythme plus vif, qui prend progressivement le dessus, mais se trouve brutalement interrompu par le groupe grave, très agressif. Les trois groupes semblent alors s’équilibrer, aboutissant à une section basée sur un seul instrument de chaque groupe, trouant violemment le silence devenu prépondérant. Le mouvement reprend alors, intégrant les métaux, tandis que le discours utilise de plus en plus fréquemment les répétitions et se resserre progressivement en roulements prolongés. C’est alors qu’en émerge l’instrument le plus grave, en un battement régulier et soutenu, aux accents brutaux et irréguliers, qui conclut en force la pièce, soutenu par les métaux aigus qui ne font leur apparition qu’à ce moment.