Création :28 août 2005 à l’Abbaye de Royaumont
Effectif : 6 percussionnistes
Durée : 9′
Senza est la première œuvre que j’écris depuis 1990 au sujet de laquelle je ne me serai pas entretenu du projet, des enjeux esthétiques, poétiques et techniques avec Fausto Romitelli au moment de me lancer dans l’écriture. Que dire à propos de la mort sinon qu’il faudrait l’avoir vécu pour avoir la légitimité d’en parler. Le reste n’est que commentaires, lamentations et fantasmes sur son propre devenir ; propos définitivement hors sujet ici.
Senza est donc un commencement sans être une fin : il s’agit de la première pierre d’un vaste projet entamé avec les « Percussions de Strasbourg », la chorégraphe Michèle Noiret et la technologie du CIRM. Projet qui sera créé en 2007.
Senza est une petite forme autonome qui doit cependant à terme s’intégrer dans un univers beaucoup plus large d’une manière cohérente. Les éléments présents ici constituent donc les fondations sur lesquelles s’articuleront de futurs développements.
Senza veut être une œuvre d’essence harmonique sans nier pour autant les fondamentaux de la percussion, traditionnellement le rythme. Cette œuvre m’a permis de tenter de nouveaux développements quant à la problématique sur laquelle je travaille depuis de nombreuses années : l’anamorphose.
Senza est une pièce sans a priori quant à la manière d’imaginer un univers sonore d’une certaine densité (et non une « ambiance sonore ») destiné à être conjugué avec l’univers d’un chorégraphe sans que la parole musicale prenne le dessus sur le propos chorégraphique et inversement. De ce point de vue, l’œuvre est donc naturellement susceptible d’adaptations pour répondre à l’exigence du dialogue entre les deux disciplines.
Senza n’est donc pas une œuvre sur la mort, mais plutôt sur l’absence. Ce n’est pas une œuvre close, mais une œuvre d’ouverture. Ce n’est pas une œuvre triste ou pleine de pathos, c’est une œuvre qui entend, pour paraphraser Bacon, contribuer à chercher encore et encore désespérément l’optimisme.
François Paris