MARCO THOMAS – Necronomicon

Création : 7 juillet 1971, Grenade, Espagne, Festival de musique et de danse, Patio de los Leones, à La Alhambra
Commanditaire : Commissaire général à la musique pour les « 10 jours de musique » à Toledo  
Durée : 18′
Effectif : 6 percussionnistes
Editions : Salabert

Necronomicón est l’une des pièces de Tomás Marco qui combine un contexte magique mais terrifiant. En effet, le titre de l’œuvre s’inspire de l’univers cauchemardesque de Howard Phillips Lovecraft : le Necronomicón est un traité de fiction, imaginé par l’écrivain américain, dont l’étymologie se rapporte aux lois des morts. Le titre suggère une atmosphère de nécromancie avec ses rituels implicites, image puissante et cohérente avec la distribution quasi-cérémonielle des six percussionnistes qui jouent l’œuvre, invitant presque à une mise en scène complémentaire. En fait, le sous-titre de la pièce est une sorte de note d’intention : « Chorégraphie pour six batteurs ». Necronomicón fut créée à l’Alhambra, pendant le Festival de Grenade par Les Percussions de Strasbourg qui l’ont jouée dans le monde entier pendant les années soixante-dix. Selon le compositeur, dans sa note de programme pour la création de l’œuvre, « il y a un travail formel très strict qui s’observe même dans l’économie instrumentale de chaque section ». Ce formalisme conceptuel contraste avec une écriture assez indéterministe du sextuor : la notation des durées est très approximative, et le compositeur délègue aux musiciens le choix des hauteurs pour des instruments tels que le marimba ou le vibraphone. L’œuvre est proche des performances d’improvisation collective très prisées à l’époque.Le sextuor peut se découper en quatre parties numérotées par le compositeur mais continuellement enchaînées. La première est consacrée aux instruments métalliques, la deuxième aux percussions en bois et la troisième aux peaux, pour finalement arriver à une dernière section regroupant un arsenal d’instruments de toutes typologies. Necronomicón passe ainsi de couleurs délicates et hiératiques du début, d’une certaine façon évocatrices des sons électroniques – combinant trois tam-tams excités avec un archet, deux tam-tams immergés dans l’eau et douze gongs thaïlandais – au tourbillon rythmique de la fin, renforcé par les sons de sirènes.

José L. Besada (Université de Strasbourg/Ircam)