LOPEZ LOPEZ JOSE MANUEL – Haikus del mar

Commanditaire :  État 
Dédicataires : Percussions de Strasbourg
Création : 12/01/2013, Montpellier, Salle Pasteur du Corum, par les Percussions de Strasbourg
Composition : 2010
Effectif :  6 percussionnistes
Durée : 22′
Éditeur : María Sánchez Lucas

Dès la première page des Haikus del mar, s’installe une polyphonie qui privilégie les relations temporelles microscopiques.  L’explosion initiale d’étincelles sonores, comparables à une mer calme illuminée par le soleil, vise à mettre en parallèle le son et la lumière grâce aux reflets lumineux et aux résonances aigües des glockenspiels, vibraphones, barres métalliques, triangles, grelots, etc. Cette polyphonie montre à son tour plusieurs niveaux de vitesses : résonances d’attaques simultanées des 6 percussionnistes, de durées irrégulières qui oscillent entre 6 s et 12 s -résonances relativement longues- auxquelles se superposent d’autres textures ou l’on peut entendre plus de 150 attaques par seconde ainsi que d’autres comprises entre 10 et 30 attaques par seconde. Ajoutons à ceci que le temps général de l’œuvre change constamment de manière parfaitement contrôlée, ce qui me permet d’établir des rapports rythmiques et temporels particulièrement précis entre la macroforme et la microforme, entre les longues articulations et les courtes articulations, entre les vitesses proches de celle de la lumière -en tout cas dans notre imaginaire poétique sonore- et les vitesses proches de celle du son, à l’image d’un univers où l’infiniment petit et l’infiniment grand restent en étroite relation. Le parcours de l’œuvre essaye de montrer donc des situations polyphoniques et des articulations sonores extrêmement denses, ainsi que d’autres parfaitement simples, résultat du filtrage de ces dernières, ce qui nous permet de rentrer dans les zones internes de cette matière complexe, de les entendre et les comprendre. Lors de ce parcours on passera aussi par des situations très lentes, comprises entre 25 s et 2 min 30 s où le temps s’arrête, à l’image d’une mer calme où rien ne semble se passer. Mais, lors de ces passages apparemment immobiles, simultanément, des milliers d’étincelles sonores se superposent : celles d’un tam-tam percuté, celles d’une petite barre métallique appuyée sur le corps de l’instrument, qui vibre pendant 25 s de manière simultanée à la longue vibration du tam-tam ; celles d’océan drums, de bâtons de pluie, grelots, etc. Les milliers de grains de sable ou de graines que contiennent ces derniers instruments, font vibrer leurs peaux et leurs bois des milliers de fois par seconde, créant ainsi ce qu’on appelle des sons ou des textures granulaires, qui évoquent les relations entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Pour finir, je dois dire que ces situations sonores, ces calculs et relations mathématiques, ne sont qu’un reflet des images poétiques tirées des haïkus japonais du bord de mer. Elles m’inspirent et me permettent par leurs combinaisons, de placer mon esprit dans des situations sonores autrement impossibles à imaginer. Une logique discursive et un langage à la frontière entre science et poésie s’expriment ainsi, à l’image parfaite de mes préoccupations personnelles et artistiques. L’œuvre est dédiée à mes très chers amis et admirés musiciens, les Percussionnistes de Strasbourg.
José Manuel López López, Paris 14 novembre 2012