KISHINO MALIKA – Sange

Sange 散華


Commande de l’Etat français et des Percussions de Strasbourg, pour six percussionnistes. Hommage pour les 10 ans de la disparition de Yoshihisa TAIRA
Création : 2016, Teatro comunale, Vicenza, IT
Durée : 15′

Parmi les nombreuses cérémonies bouddhistes, il en est une lors de laquelle les prêtres circulent dans l’espace de cérémonie en récitant le Sûtra, tout en épandant des pétales afin de bénir les esprits défunts. Originalement, lors de « Sange » – 散華 , dont la traduction littérale du Japonais signifie « épandage de pétales » (San – 散 = épandage ; Ge – 華 = pétales) , des fleurs et pétales de lotus frais étaient utilisés. Lors de la cérémonie, ceux-ci sont maintenant remplacées par des papiers de couleurs en forme de pétales de lotus et sont dispersées dans le hall principal. L’association de la récitation solennelle, la danse des pétales et, à l’origine, l’odeur de lotus frais, fait appel aux cœurs des gens, à travers leur sens auditif, visuel et olfactif et les transporte dans une atmosphère fantastique et pleine de magie, au point culminant de la cérémonie. Yoshihisa TAIRA disait «qu’un chef d’œuvre était comme un polyèdre qui nous apparaissait toujours différemment en fonction de l’angle dans lequel nous le regardions et dont l’état évoluait, sans cesse et de manière progressive ».
Avec peu de matières, choisies très soigneusement, il nous transporte dans un univers musical profond, riche et vivant, à travers la magie des sons de sa fascinante pièce, « Hiérophonie V », écrite pour les percussions de Strasbourg.Dix ans après la disparition de mon premier professeur de composition, « Sange » en est mon propre polyèdre, basé sur, une définition de la forme de « Hiérophonie V », l’ajout de la dimension olfactive représentant la fragrance par l’émanation volatile des sons produits par les six musiciens, et une évolution des matières sonores. « Sange » utilise principalement l’instrumentarium et l’implantation de « Hiérophonie V », et s’inspire de ses deux idées musicales fortes. L’ostinato du tambour de bois à la fin de la pièce est un des matériau considéré comme un point de départ à la constitution de l’espace sonore de « Sange » . L’énergie percutante du geste est ici restituée sans l’utilisation de la voix. Les nombreux nouveaux modes de jeux et leurs combinaisons, ainsi que la création de couches sonores diverses utilisant plusieurs trajectoires dans l’espace en mettant les sons en mouvement, inspirent une dimension électroacoustique à la pièce.  La composition est un travail très intellectuel mais doit également nourrir le cœur et l’esprit. « Une pièce doit être très instinctive » et « Sange » est un organisme, prenant vie grâce aux énergies sonores produites par les Percussions de Strasbourg, dont le désir est de nous acheminer vers le moment magique de la joie infinie. Malika KISHINO