BOEUF GEORGES – Six chants pour la terre

Date et lieu de création : le 16 janvier 1992, Théâtre de la Criée, Marseille
Dédicataires : Percussions de Strasbourg

 
Il y a en effet le Chant de la Terre de Gustav Malher. Mais aujourd’hui cette Terre sait elle encore chanter ? Ne convient-il pas de chanter pour elle, d’évoquer sa beauté au moment même où elle est menacée ?

S’il est convenu de dire les drames, les tourments et la mort de l’homme, il est évident d’exprimer les mêmes sentiments pour cette Terre qui nous donne la vie.

Dans l’expression romantique, elle était l’inspiratrice généreuse, la source inépuisable de tout le bonheur de l’homme. Aujourd’hui, nous l’épuisons jusqu’à la mort.

1. VAGUES PERDUES  :  La mer d’Aral
2. UIRAPURU :  L’Amazonie
3. IMPALA :  La savane africaine
4. OLD FAITHFUL : Les bisons figés de Yellowstone
5. SIAL,SIMA, NIFE : Les magmas
6. CONFLAGRATIONS :  La forêt méditerranéenne

Vagues perdues :

J’évoque la Mer d’Aral que l’on assèche et qui  a perdu 70 % de son volume d’eau. La vision d’une flaque à la place d’une mer : plus assez d’eau pour faire des vagues.

Uirapuru :

Le Uirapuru est cet oiseau, chanteur extraordinaire, que l’on entend dans cette forêt menacée qu’est la forêt Amazonienne.
Chant de Marimba accompagné de Maracas, Claves, Guiros, Wood-Block… etc. François Bayle avait déjà employé un chant de Uirapuru dans “Trois rêves d’oiseau”.

Impala :

Evocation des animaux rapides que sont les Gazelles, les Antilopes qui font partie de la Famille des “Cavicornes”. Je vois ces animaux sur le Plateau africain du Seringuetti dont la vitesse est le moyen de survivre ; dans la participation, notamment, les “valeurs ajoutées” évoquent leur capacité de changer de direction instantanément.

Old faithful :

Le parc de Yellowstone, avec son printemps vivace et coloré, et son hiver glacé et immobile. Durant l’hiver, les lourds Bisons, quasiment figés sur la place, couverts de neige et de glace et, paradoxalement, les geysers d’eau chaude. L’un d’entre eux : le “Old faithful” (vieux sage).
Ici, un “Chant de timbales” (et non un solo avec ce que cela comporte de virtuosité) accompagné de frétillements de cymbales cloutées, de marimba, de mélismes légers de Toms “couverts”. Tout cela à la limite de l’audible, sans dynamique, pour évoquer le pesant, la tristesse.

Sial, Sima, Nife :

Au début de la partition est indiqué : “Innig” (Intériorité – comme faisait Brahms dans ses dernières oeuvres pour piano). 
Ici, la même idée de pénétration à l’intérieur de l’homme (dans le domaine de la pensée) et à l’intérieur de la Terre. Parcours sonore qui va des caisses avec “timbre” aux roulements profonds des Grosses – Caisses et des Timbales. 

Conflagration :

 L’incendie des forêts. Violence. Destruction. Une polyrythmie basée sur la pulsation des cigales ? Lumière vive. Essentiellement les claviers (Glockenspiel, Xylophone, Vibraphone, Marimba) ponctués de Cymbales, Gongs Thaïlandais,Cencrros … etc.

 Georges BOEUF