Création : 02 avril 1988 à Nice
Durée : 15′
Commanditaire : CIRM/Nice/Festival Manca
Dédicataire : Les Percussions de Strasbourg
La figure mythique du PSYCHOPOMPOS est liée au règne des morts.
Le Psychopompos est celui qui accompagne les âmes du règne des vivants au règne des morts, au-delà du Grand Fleuve.
La dualité est l’un des éléments qui caractérise le Psychopompos, deux éléments qui forment un seul corps. La pièce PSYCHOPOMPOS essaie de donner un corps et une voix à un choeur imaginaire représenté par six interprètes et six instruments sur la scène, qui lors de certains passages, dialoguent et émergent comme les voix d’un choeur invisible. D’un choeur d’âmes qui habitent dans le corps cylindrique de l’archaïque tambour. Les instruments utilisés pour cette pièce sont six tambours à frottement de taille différente, un xylo-marimba et un marimba basse. Ce type de tambour à friction est appelé à Naples et dans toute la campagne : Putipu.
Cet instrument est formé par un cylindre de métal dont l’une des bases est fermée, alors que sur l’autre est tendue une membrane de peau. Au centre de cette peau est fixé un roseau. Le son est produit par le frottement de la main mouillée sur ce roseau. J’ai choisi le Putipu parce-que cet instrument est celui qui, pour moi, symbolise le mieux l’idée du double.
Le Putipu représente symboliquement la bi-sexualité. Le cylindre est l’élément féminin, le roseau le symbole phallique. C’est l’instrument hermaphrodite préféré de Pulcinella, le personnage le plus archaïque de la Comédie Populaire, qui s’amuse mais revêt toujours des vêtements aux couleurs de la mort : le blanc du costume, le noir du masque. PSYCHOPOMPOS est à interpréter comme un chant dialogue pour six voix dans un registre grave et mezzo. Le son est produit, soit par la technique archaïque de l’instrument, soit par une nouvelle technique à créer. PSYCHOPOMPOS est écrit pour les six Percussionnistes de Strasbourg qui devront conduire l’auditeur du règne du réel vers le règne inquiétant de l’indéfini.
G. BATTISTELLI