FOURèS HENRI – Sommerbericht

Création : 30 septembre 2001 au Festival Musica (Strasbourg) 
Musique et conception : Henry Fourès 
Effectif : 6 percussionnistes et un soliste 
Durée de l’œuvre : 16′

Comme Gegenlicht (contre-jour), Vom Blau (Au bleu), Kristall, pièces pour la clarinette basse, la contrebasse et le saxophone alto créées à Musica 1999,Sommerbericht est un des poèmes de Paul Celan où le langage exprime le plus la conquête d’une stabilité menacée. Stabilité du poète comme du poème. Der nicht mehr beschrittene, der / ungangene Thymianteppich. / Eine Leezeile, quer / durch die Glockenheide gelegt. / Nichts in den Windbuch getragen. /Wieder Begegnungen mit / wereinzelten Worten wie : Steinschlag, Hargräser, Zeit. Vide de pas / contourné, le tapis de thym. / Ligne de blanc, posée / en travers de la lande des bruyères. / Rien porté dans le chablis. / Rencontres à nouveau de / mots isolés tels que : éboulis, ajoncs, temps. Il semble – comme Armand Robin a pu le relever chez d’autres poètes animés par le même souci de purification du langage – que parfois le poème parte d’un chaos émotionnel pour aboutir à un langage où ne subsistent que les molécules les plus fines de tohu-bohu original. C’est aussi un trajet que prend souvent la musique dans sa double relation de la forme et du sens : trajet que l’emploi de la percussion, « instrument des origines », rend plus sensible encore. Ces poèmes lus il y a plus de vingt ans et relus sans cesse, apparaissent comme autant de textes insurpassables, débarrassés de tout esthétisme, essentiels, dans une lumière étrangement proche de ceux d’Attila Joszef découverts dans le même temps. Il aura fallu toutes ces années pour que ces textes qui m’accompagnent deviennent des « pré-textes » à l’écriture d’une musique qui n’illustre pas, ne commente pas le poème mais a simplement été éveillée par lui.